MES RÉFLEXIONS
Prendre un pas de recul sur la pratique
Le discours maker propose-t-il une émancipation par la réappropriation de la technologie? Les makers sont-ils les héritiers de l’éducation populaire? Quels sont les pièges à l'émancipation dans ces nouveaux tiers-lieux de plus en plus populaires.
Coluche disait : « La dictature, c’est « Ferme ta gueule ! » ; la démocratie, c’est « Cause toujours ! ». Oui, objectivement, il y a davantage d’espaces et de temps de discussion entre les différentes parties prenantes impliquées dans les projets désormais. Mais quelle est la qualité de ce dialogue?
Pourquoi l’horizontalité semble être devenue notre nouveau fantasme et la verticalité si détestable? Pourquoi les « entreprises libérées », l’holacratie, ou encore l’émancipation individuelle sont-ils devenus des objets de désir si centraux dans nos vies? De quoi voulons-nous nous émanciper et le pouvons-nous réellement?
Ernest Nolte propose un argumentaire en faveur d’une révision de la nature et de l’envergure de ce qui constitue la singularité de la Shoah : Jurgen Habermas questionnera le rapport entre l'intérêt historiographique d'une telle démarche et le danger politique qu'il induit.
La liberté individuelle des nouveaux temps modernes est toutefois cohérente jusqu’au bout : s’extraire du collectif pour vivre plus libre en tant qu’individu a pour conséquence qu’il faut prendre soin de soi par soi-même. À qui profite cette évolution?
Au sein de cette querelle, plusieurs fonctions de l’historiographie sont abordées, mais elles peuvent, à mon avis, être regroupées sous une seule et même fonction : celle de gouverner les hommes.
Comment faire pour que l’innovation sociale ne devienne pas un outil supplémentaire des individus issus des classes privilégiées pour maintenir leur hégémonie tout en ayant bonne conscience? Voici ce que j'ai appris lors de mon expérience au Ashoka U Exchange.
Lorsque l'appel humain à connaitre sa raison d'être se heurte au silence déraisonnable du monde, lorsque nous devons construire une histoire qui tienne, mais surtout qui nous tienne, la quête de sens constitue souvent le chemin salvateur.
Le temps libre, c’est à dire le temps libéré, en dehors, du travail. Nous avons en effet besoin de nous définir par d’autres activités, valeurs et relations que celles du travail. Cependant, dans la réalité, c’est surtout le temps de nous asservir à d’autres obligations de la vie quotidienne. Ce dont nous avons plutôt besoin, c’est d’évoluer dans des sphères non-quantifiables, nous permettant d’accéder au « temps vivre » de la souveraineté existentielle.
La question est complexe et délicate : de quelle manière la période nazie peut et devrait être historicisée dans la conscience publique? Celle-ci entrainera l'épisode historique de l'Historikerstreit qui opposera deux visions de l'histoire : une vision objective et une vision interprétative.
Les employés de ces « entreprises libérées » ont trouvé la recette du bonheur au travail. Rêve ou réalité Comment la suppression du système hiérarchique pyramidal ou la forte diminution des mécanismes de contrôle formels gagnent en popularité et sont considérées comme une réponse à la crise économique et à la crise de légitimité des entreprises?
Le christianisme a perdu sa capacité à se penser comme comédie et a de ce fait perdu son élan émancipateur. Prenons donc conscience que nous avons nous-mêmes créé ces dieux (que ce soit celui du travail ou les autres) et moquons-nous en!
L’idéologie du travail s’étant construite en opposition au « religieux », symbole du dogmatisme idéologique, le fait d’accepter l’hypothèse selon laquelle l’idéologie du travail dans laquelle les travailleurs inscrivent une partie croissante de leurs actions serait une idéologie reviendrait à leur faire accepter le fait qu’ils sont convertis à la religion du travail. Est-ce une hypothèse valable?
Sans parler directement d'éthique, celle-ci est pourtant omniprésente dans les organisations. Quand vous définissez les rôles et responsabilités des employés, la charte de vie dans l’organisation, la planification stratégique ou encore les règles de « bonne gouvernance », toutes ces pratiques et tous ces outils ont pour objectif de circonscrire, dès le début de l’emploi, l’ensemble des comportements acceptés dans le cadre du travail.
Même si aujourd’hui force est de constater que, dans nos sociétés occidentales, l’idéologie du travail semble combler les besoins existentiels de la grande majorité des personnes pour qui désormais le travail est central dans leur construction existentielle, plusieurs enjeux émergent et induisent sa remise en question. En voici quelques exemples!
La fonction prophétique, le rôle de leadership visant à garantir la cohésion de groupe ou encore l'incarnation symbolique de l'autorité : autant de fonctions communes aux prêtres et aux gestionnaires?
Je vous propose cette fois-ci de vous en présenter trois autres fonctions communes à l'idéologie chrétienne et à celle du travail : 1) définir une loi comme guide de nos actions, 2) élaborer un dispositif permettant de renforcer le respect de la loi dictée par l’idéologie et 3) assurer la cohésion d’une communauté.
Les facteurs clés de succès communs à l’idéologie chrétienne et à l'idéologie du travail résident notamment dans les fonctions communes qu’opèrent les discours et les pratiques qui les portent. Je vous propose d'aborder les deux premiers : 1) proposer un sens à l'existence et 2) affirmer avec certitude une vérité universelle.
Avec l’émergence d’une société occidentale rationalisée et matérialisée, l’idéologie portée par la religion chrétienne a connu un déclin progressif caractérisé par une perte d’audience significative (ce que Max Weber a appelé le désenchantement). Quelles autres formes de religion l'ont remplacée?
Ces systèmes de pensée (composés de postulats, de représentations, de symboles, de valeurs, etc.) proposent un rapport à soi, à autrui et au monde qui répond plus ou moins aux besoins propres à la condition humaine. Pourquoi les fuyons-nous alors comme la peste?
Poils à gratter institutionnels, la circulation de leurs idées depuis près de 80 ans a contribué à entretenir la fibre révolutionnaire chez plusieurs autres intellectuels qui aujourd’hui mobilisent et réactualisent leurs contributions pour tenter de franchir le pas qu’ils n’ont jamais réussi à franchir avec la Théorie critique, à savoir celui d’une Théorie critique à portée pratique.
Dieu répond à l’inconnu, à l’invisible, au mystère, à l’imprévisible. Il répond à notre besoin de savoir, de contrôler, de prévoir. Mais, si Dieu est mort, et que notre angoisse face au vide est propre à notre condition humaine, lui avons-nous aujourd’hui créé des substituts?
Une fois de plus dans l’histoire de l’École de Francfort, le sentiment d’incompréhension qui habite l’un de ses contributeurs lorsqu’il observe des sujets opprimés agir de manière non-conforme à leurs intérêts rationnels ainsi que l’incapacité de la théorie sociale critique proposée à expliquer cette réalité sociale, va l’amener à chercher une réponse dans la psychologie et psychanalyse.
En proposant une conception de la rationalisation sociale suffisamment large pour sortir d’une critique des formes de rationalité unilatéralement guidées par la recherche de finalité, il critique et fournit une solution au constat paralysant d’une domination de la société par la raison instrumentale et d’une universalisation de la réification.
En résumé, et de manière plus imagée, pour Horkheimer, avant la mise à disposition de la nature par le travail qu’a initié l’Homme, la nature était en mouvement. En y appliquant la logique formelle de la raison, il l’a figée. La finalité du travail critique est alors de lui redonner du mouvement avec un rythme que ne peut pas donner une raison sclérosée.